Le choc des transitions ? La perspective de Mathias Burghardt aux Rencontres Économiques

Chaque mois de juillet, dans le sud de la France, de nombreux leaders du monde économique et de la sphère politique se réunissent lors du forum des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence pour trois jours de débats sur les défis stratégiques qui façonneront l’avenir.

Un choc pour l’Europe – mais pas pour les États-Unis et la Chine
 

Le thème de cette année portait sur le « choc », dans toutes ses dimensions : géopolitique, technologique, sociétale et environnementale. Plus de 400 intervenants des milieux économique, académique et gouvernemental se sont réunis pour débattre des réalités auxquelles l’Europe est confrontée.

La révolution de l’IA progresse à un rythme tel qu’elle menace de fracturer le monde. C’est l’une des idées qui a émergé lors de la table ronde qui s’est tenue samedi matin, durant laquelle Mathias Burghardt, Directeur Général Délégué d’Ardian, s’est exprimé aux côtés de dirigeants des secteurs des télécoms, de la pharmacie, de l’énergie et de la mobilité. Les intervenants ont dressé un constat lucide : la période actuelle constitue un véritable choc pour l’Europe, alors que les États-Unis et la Chine prennent une nette longueur d’avance.

Changement de paradigme pour les investisseurs

Mathias Burghardt a expliqué que, à mesure que le capital d’investissement institutionnel évolue moins rapidement, l’univers de l’investissement s’en trouve impacté  en profondeur. Là encore, l’Europe accuse un retard : qu’il s’agisse de financer la transition énergétique ou de réunir les 800 milliards d’euros nécessaires à l’innovation digitale, à la transition énergétique et à la défense, faire face aux chocs de notre époque exigera une mobilisation massive du capital privé – en particulier de l’épargne individuelle, qui représente 50 % du capital disponible. 

La capacité croissante des investisseurs individuels à accéder aux marchés des actifs alternatifs représente également une opportunité clé pour les ménages de diversifier leur portefeuille et constitue un moteur important de la croissance économique en Europe, comme cela a été le cas aux États-Unis au cours des dernières décennies.

En tant qu’« industrie de la donnée », la finance est en première ligne de ces mutations. Mathias Burghardt a souligné que l’IA bouleverse le fonctionnement du private equity, de l’analyse à la gestion de portefeuille. L’ampleur des investissements nécessaires – dans l’énergie, les infrastructures, les data centers ou encore l’eau – favorise les acteurs de grande taille et la concentration des ressources.

La prédiction, prochain horizon de l’IA ?

Mathias Burghardt anticipe que la prochaine étape de l’IA, véritable rupture technologique, sera sa capacité de prédiction. Cela devrait aider à l’analyse des entreprises, à identifier les secteurs qui performeront à l’avenir et à changer la façon dont les actifs sont valorisés.

Pourtant, cette perspective paraît paradoxale dans un monde qui n’a jamais été aussi imprévisible et où, comme Mathias Burghardt l’a rappelé, la diversification demeure la meilleure stratégie.