L'aéroport "augmenté" peut piloter la décarbonation du secteur vers une aviation neutre en carbone

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Vision de marché, Finance Responsable

L'aéroport "augmenté" peut piloter la décarbonation du secteur vers une aviation neutre en carbone

  • 25 Juillet 2023

  • Real Assets

  • Infrastructure, Sustainability

Temps de lecture : 6 minutes

    Afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et de réduire l’impact du réchauffement climatique, les aéroports doivent évaluer leur résilience à long-terme et innover pour repenser leur modèle. Leur licence d’exploitation exige d’eux qu’ils accélèrent leur transition vers des aéroports « augmentés », capables de créer durablement de la valeur et de devenir un catalyseur clé pour la décarbonation du secteur aérien.

    Les aéroports ont un rôle essentiel à jouer dans la transition du secteur vers une aviation neutre en carbone

    Les aéroports ont un rôle essentiel à jouer dans la transition du secteur vers une aviation neutre en carbone

    Les aéroports rassemblent l’ensemble des acteurs de l’aviation : passagers, compagnies aériennes, contrôleurs aériens, fournisseurs d’énergie, avionneurs et autres acteurs de la région. Ils occupent une position centrale et stratégique dans la chaîne de valeur de l’aviation, ce qui fait d’eux le lien naturel au sein du secteur, assurant trafic et connectivité. Aussi constituent-ils pour l’industrie du transport aérien un emplacement idéal pour le déploiement de solutions de décarbonation. Ils sont ainsi une plateforme unique, en mesure de mener la voie vers une aviation neutre en carbone et de favoriser l’adoption d’une approche systémique du changement climatique.

    En tant qu’investisseur, il incombe également à Ardian de poser les bases d’un écosystème robuste d’acteurs et d’encourager toute collaboration pour faire de la décarbonation de l’aviation une réalité globale.

    • 95 %

      de l'empreinte carbone des aéroports sont des émissions de scope 3

    • 99 %

      des émissions du secteur de l'aviation proviennent des mouvements des avions

    Pour ce faire, les aéroports doivent se concentrer sur leurs émissions de scope 3 qui représentent 95 % de leur empreinte carbone. Selon les normes du Greenhouse Gas Protocol, elles correspondent aux émissions de CO2 indirectement générées par des acteurs tiers. Elles englobent notamment les mouvements des avions, dont la contribution aux émissions du secteur est estimée à 99 %. Aussi, les aéroports peuvent avoir un impact structurant significatif sur l’ensemble de l’aviation en s’attaquant à leurs émissions de scope 3 qui restent à ce jour le principal obstacle à la décarbonation du secteur.

    Les aéroports sont les lieux où les avions sont basés et ravitaillés, et où les passagers embarquent. Ils ont un rôle à jouer dans la décarbonation du secteur, en particulier lorsqu’ils adoptent une approche systémique de la question, ce en quoi nous sommes convaincus chez Ardian.

    Juan Angoitia, Co-Responsable Infrastructure Europe, Ardian

    Pour conduire la décarbonation du secteur, les aéroports doivent accélérer leur transition vers des aéroports « augmentés »

    Pour conduire la décarbonation du secteur, les aéroports doivent accélérer leur transition vers des aéroports « augmentés »

    S’appuyant sur une approche ESG de longue date, Ardian a élaboré son cadre de l’infrastructure augmentée en 2018 afin de guider la transition de ses actifs d’infrastructures traditionnelles vers des versions « augmentées » de celles-ci. Reposant sur cinq piliers stratégiques, ce cadre permet la création de nouvelles valeurs pour les infrastructures, une perspective qui trouve un écho particulier dans le contexte aéroportuaire au regard de l’urgence à décarboner les activités aériennes. Les aéroports « augmentés » sont des infrastructures parfaitement préparées à répondre aux besoins des usagers de demain ainsi qu’à l’impératif collectif d’atteindre la neutralité carbone.

    Ouvert : Les aéroports augmentés sont ouverts à tous types de technologies. En interfaçant et collaborant avec leur écosystème d’acteurs local comme mondial, ils sont capables d’accélérer la réduction de leurs émissions de CO2.

    Ce pilier est étroitement lié aux problématiques énergétiques puisque les aéroports devront garantir l’approvisionnement d’alternatives au kérosène, telles que les Sustainable Aviation Fuels (SAF) ou l’hydrogène vert. À cette fin, SEA (Aéroports de Milan), en partenariat avec le fournisseur d’énergie italien ENI, produira et fournira prochainement du carburant « Biojet » dans ses aéroports. Cette initiative devrait répondre aux besoins prévus pour le marché italien à horizon 2025.

    Un aéroport augmenté est aussi ouvert à se connecter avec tous modes de transports partagés de son environnement local. Les aéronefs électriques à décollage et atterrissage verticaux (EVTOL) sont une solution pour décarboner les premiers et derniers kilomètres des déplacements puisqu’ils n’émettent pas de CO2 quand ils opèrent. Ainsi, Ardian, via la plateforme 2i Aeroporti, a investi dans Skyports avec la conviction qu’il incarne un acteur important pour accélérer l’électrification du transport aérien, en commençant par le développement d’infrastructures de Mobilité Aérienne Avancée (MAA).

    Intelligent : Les aéroports augmentés tirent parti de toute la puissance des données afin de créer des gains d’efficacité, d’améliorer la satisfaction des clients et de réduire leurs émissions de CO2. Ils abolissent les cloisonnements, permettant ainsi le partage d’une quantité considérable de données entre tous les acteurs présents dans les zones aéroportuaires et de les convertir en actions concrètes.

    Pour répondre à cette question technique, Ardian a co-développé avec des aéroports Ardian Air Carbon, un outil pionnier dédié au suivi des émissions de CO2 de scope 3 des aéroports. Tous les aéroports du portefeuille d’Ardian en sont équipés et peuvent désormais construire leur trajectoire de décarbonation pour mieux réduire leurs émissions de CO2.

    Résilient : Les aéroports augmentés doivent être dotés d’une plus grande indépendance face aux menaces cyber et aux problématiques d’approvisionnement énergétique. Pour améliorer leur résilience aux chocs et aux divers changements, ils devraient être en mesure de produire et de stocker leur propre énergie sur place, réduisant ainsi leur dépendance aux sources d’énergie externes et leur vulnérabilité aux coupures d’énergie.

    La stratégie énergétique de l’aéroport de Naples en est un excellent exemple. Avec la construction d’une centrale solaire sur leur site, l’aéroport de Naples augmentera son indépendance énergétique en générant 25 % de ses besoins en énergie d’ici 2025.

    • 25%

      des besoins énergétiques de l'aéroport de Naples seront couverts par une centrale solaire construite sur site d'ici à 2025

    Impactant : Les aéroports augmentés doivent avoir un impact direct sur les émissions, tant au niveau local que global, compte tenu de leur position unique dans l’écosystème du transport aérien et de leur solide ancrage territorial. Les mécanismes de marché constituent un moyen efficace pour accélérer la transition environnementale d’une industrie donnée.

    Ils tirent parti de la concurrence, à l’image de l’initiative menée par SEA (Aéroports de Milan) qui favorise les avions les plus respectueux de l’environnement en fonction de leurs émissions de CO2 et de leurs performances sonores. Leur grille d’évaluation des « airport green charges », reposant sur des critères de transparence et de non-discrimination, cherche à encourager des opérations à plus faibles émissions de carbone. Elle est actuellement en phase de validation.

    Prolifique : Les aéroports augmentés doivent également adapter leur modèle en explorant de nouvelles opportunités de création de valeur durable. La nécessaire transition des aéroports vers la neutralité carbone s’accompagne de nouvelles activités prolifiques, telles que leur évolution vers des hubs énergétiques et multimodaux.

    Dans le cadre du consortium TULIPS, l’Aéroport de Turin prévoit de devenir un hub énergétique intelligent, capable de s’appuyer sur des sources d’énergie diverses : l’hydrogène, le solaire, etc. Avec l’approbation des régulateurs européens et italiens, les aéroports « augmentés » pourront revendre leur électricité et les surplus de chaleur à des partenaires externes de leur environnement proche.

    Pour parvenir à une aviation neutre en carbone, les acteurs de l’écosystème aéronautique devront agir collectivement et commencer à diversifier leurs activités. À partir de leur position stratégique au cœur de la chaîne de valeur de l’aviation, les aéroports ont le pouvoir et le devoir de conduire la transition du secteur.

    Nous croyons en un nouveau paradigme où les aéroports augmentés émergent en tant que hubs essentiels pour le transport multimodal et les énergies renouvelables, tout en restant des acteurs clés dans le développement économique local.

    Mathias Burghardt, Responsable Infrastructure et Membre du Comité Exécutif, Ardian

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    La vision d'Ardian sur la décarbonation de l'aviation, ici
    Ardian Air Carbon, ici