Investir dans l’hydrogène décarboné - des dépenses d’investissement nécessaires

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Vision de marché

Investir dans l’hydrogène décarboné - des dépenses d’investissement nécessaires

  • 09 Février 2024

  • Infrastructure

Temps de lecture : 5 minutes

Amir Sharifi

Amir Sharifi

Responsable de la transition énergétique, Senior Managing Director Infrastructure et CIO d’Hy24

    Dans le deuxième d’une série de trois articles consacrés à l’investissement dans l’hydrogène décarboné, Amir Sharifi, Responsable de la transition énergétique d’Ardian, Senior Managing Director Infrastructure et CIO d’Hy24, expose l’ampleur des investissements nécessaires pour faire de l’hydrogène vert un contributeur majeur au mix énergétique.

    De par sa flexibilité, l’hydrogène est devenu un secteur représentant 2,5 billions de dollars et couvrant jusqu’à 13 % de la demande mondiale d’énergie.

    Aucune autre source d’énergie propre n’égale la flexibilité de l’hydrogène - il peut se présenter sous forme liquide ou gazeuse, et être transporté et stocké plus efficacement que l’électricité. 

    • 2,5 billions de $

      c'est le montant généré par l'industrie de l'hydrogène

    • 5 millions

      de personnes sont employées dans l'industrie de l'hydrogène

    • 13 %

      de la demande mondiale en énergie est couverte par l'hydrogène

    De par cette flexibilité, l’hydrogène est devenu un secteur représentant 2,5 billions de dollars, qui emploie plus de cinq millions de personnes et couvre jusqu’à 13 % de la demande mondiale d’énergie.

    Toutefois, il ne sera pas simple de porter la production d’hydrogène vert à un niveau qui permette de couvrir la contribution requise au mix d’énergies propres à l’avenir : cela nécessitera des dépenses en capital et des investissements initiaux massifs. 

    L’hydrogène n’a rien d’une molécule que l’on peut simplement extraire du sol. C’est là que réside la grande différence avec le pétrole et le gaz. Le déploiement de l’hydrogène décarboné induit des coûts et une certaine complexité.

    Amir Sharifi, Responsable de la transition énergétique, Senior Managing Director Infrastructure et CIO d’Hy24

    Les investissements dans l’hydrogène décarboné doivent passer à l’échelle pour être efficaces et significatifs. Les pouvoirs publics et le secteur privé commencent à en prendre conscience.

    Déploiement de l’hydrogène vert : des investissements à grande échelle s’imposent

    Selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la production annuelle mondiale d’hydrogène avoisine actuellement les 94 mégatonnes (Mt), et devra être multipliée par six pour atteindre 530 Mt à l’horizon 2050 dans un scénario zéro émission. Augmenter la production à ce rythme est d’autant plus difficile que la plupart des capacités de production d’hydrogène existantes sont actuellement produites à partir de combustibles fossiles

    Avant même que la nouvelle production d’hydrogène décarboné puisse commencer à faire bouger les lignes, la production d’hydrogène existante devra être réaffectée ou remplacée. Des chaînes de valeur entière d’hydrogène vert devront être mises en ligne simultanément.  Selon les estimations actuelles, les dépenses nécessaires pour faciliter le développement de la capacité de production d’hydrogène vert aux niveaux requis s’élèvent à 15 000 milliards de dollars d’ici à 2050.

    • 15 000 milliards de $

      c'est le montant des dépenses nécessaires pour faciliter le développement des capacités de production d'hydrogène vert aux niveaux requis d'ici à 2050

    Amir Sharifi précise que garantir le montant absolu des investissements nécessaires n’est qu’une partie de la solution. Le timing de ces investissements est tout aussi capital. Le développement simultané d’une infrastructure - en amont et aval - d’hydrogène vert sera déterminant dans l’accélération de l’utilisation de cette ressource. 

    Les investissements dans l’hydrogène décarboné doivent passer à l’échelle pour être efficaces et significatifs. Il faut oser parier et miser significativement dès le départ pour que l’économie de l’hydrogène commence à fonctionner.

    Amir Sharifi, Responsable de la transition énergétique, Senior Managing Director Infrastructure et CIO d’Hy24

    « Le fait de commencer à l’échelle permet également de résoudre le paradoxe de l'œuf et de la poule que l’on rencontre souvent concernant l’hydrogène. Si vous possédez un véhicule alimenté à l’hydrogène, il vous faut bien des stations de recharge. Qui investit en premier ? En réalité, les investissements doivent être simultanés. Pour qu’une économie de l’hydrogène soit possible, un changement systémique doit s’opérer», déclare Amir Sharifi.

     

    Prêt à relever le défi des investissements 

    La bonne nouvelle est que les pouvoirs publics et le secteur privé reconnaissent que si l’hydrogène est amené à atteindre son potentiel en tant que source d’énergie propre, des investissements massifs et soutenus s’imposeront.

    Au niveau politique, les gouvernements du monde entier ont fermement appuyé le déploiement de l’hydrogène vert, en apportant des garanties à long terme et un soutien financier destinés à accélérer le développement du secteur. 

    Dans le cadre de sa stratégie RePowerEU, notamment, l’Union européenne a relevé de 5 Mt à 20 Mt son objectif en matière d’hydrogène renouvelable pour 2030, afin de se détourner de l’approvisionnement en gaz russe. Elle a également accordé un financement public de 5,2 milliards de dollars aux projets liés à l’hydrogène. Par ailleurs, elle a présenté des plans visant à créer une « banque de l’hydrogène » à hauteur de 3 milliards d’euros, afin de fournir des garanties d’achat aux producteurs d’hydrogène décarboné.

    Aux États-Unis, l’Inflation Reduction Act a instauré une subvention de 3 dollars/kg pour les projets d’hydrogène décarboné. Elle rend la production d’hydrogène vert beaucoup plus intéressante que celle issue des combustibles fossiles, dont le coût est de 2 dollars/kg, selon The Economist

    Pour sa part, Ardian et FiveT Hydrogen, un spécialiste de l’investissement dans l’hydrogène, ont constitué Hy24, une coentreprise qui gère aujourd’hui le plus grand fonds d’infrastructure dédié à la chaîne de valeur de l’hydrogène décarboné avec 2 milliards d’euros sous gestion.

    • 2 milliards d’€

      d'allocations sont actuellement gérés par Hy24, le plus grand fonds d'infrastructure dédié à la chaîne de valeur de l'hydrogène décarboné

    Selon Amir Sharifi, avec l’aide publique, les capitaux d’emprunt et les co-investissements, le fonds investira jusqu’à 20 milliards d’euros dans des projets d’hydrogène vert. 

    À l’échelle mondiale, il investira sur l'ensemble de la chaîne de valeur de l'hydrogène propre, depuis les électrolyseurs et la production d'hydrogène en amont jusqu'aux applications en aval telles que les stations de recharge pour les véhicules utilitaires lourds et la mobilité intensive. Le fonds a d’ores et déjà conclu sept transactions, notamment avec H2 Mobility, un réseau allemand de stations hydrogène, et les producteurs en amont Hy2Gen et Enagas Renovable, ainsi qu'avec H2 Green Steel pour s’atteler à la décarbonation complexe de l’industrie sidérurgique, et InterContinental Energy pour soutenir le développement à très grande échelle de projets intégrés d'énergies renouvelables et d'hydrogène vert dans des endroits du monde où le coût de l'énergie renouvelable est le plus bas (Australie et Oman).

    À l’heure actuelle, il peut sembler plus simple d’investir dans les dispositifs de production en amont, mais nous avons toujours soutenu que les structures en aval devaient être déployées en parallèle. C’est ainsi que le fonds est conçu. Il est là pour donner son impulsion à l’économie de l’hydrogène décarboné.

    Amir Sharifi, Responsable de la transition énergétique, Senior Managing Director Infrastructure et CIO d’Hy24

    Nous vous proposons de lire ou relire le premier d’une série de trois articles consacrés à l’investissement dans l’hydrogène décarboné : 

     

    Investir dans l’hydrogène décarboné – les limites du solaire et de l’éolien