Portraits d’excellence – Alexandra Fain, fondatrice d’Asia NOW

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Portraits d’excellence – Alexandra Fain, fondatrice d’Asia NOW

  • 21 Octobre 2021

  • Ardian

  • Paris

Temps de lecture : 6 minutes

    C'est par une belle après-midi d’automne qu’Alexandra Fain nous reçoit virtuellement dans ses bureaux et nous présente une partie de son équipe. Des sourires aperçus à la volée, des saluts de la main et quelques mots échangés via la webcam nous donnent un bref aperçu de l’atmosphère à la fois studieuse et chaleureuse qui règne dans les lieux. Nous sommes à trois semaines du début d’Asia NOW, la foire d’art contemporain dédiée à la scène asiatique, co-fondée par Alexandra Fain, et chacun travaille d’arrache-pied pour que tout soit prêt le jour J.

    Cette année, la Covid-19 a retardé la préparation du projet, qui a démarré sur les chapeaux de roue.  L’« ambassadrice de l’art asiatique à Paris », comme on a désormais souvent coutume de l’appeler, s’installe confortablement dans un canapé et nous entraîne, avec énergie et douceur, dans un fascinant voyage : de Pékin, Shanghai et Singapour, à la rencontre de jeunes et talentueux artistes asiatiques, à Téhéran et Paris, où a débuté Asia NOW, l’aventure d’une vie. Suivons le guide…


    Est-Ouest

    En 2010, la scène artistique asiatique est en pleine effervescence. Alexandra Fain, qui travaille alors dans le monde du marketing et de la communication et voyage très régulièrement en Asie, découvre un univers en pleine mutation : « D’un voyage à l’autre, j’avais du mal à reconnaitre certaines villes d’un point de vue architectural et artistique. En Chine, on voit éclore à ce moment-là beaucoup de fondations privées et de centres d’art contemporain, impressionnants par leur taille et leur ampleur ». De retour à Paris, Alexandra Fain sent un décalage : « Le dynamisme que je percevais en Asie avait très peu d’écho en France, où l’on portait un regard encore largement cliché et figé sur l’art asiatique ». Pour Alexandra, il est alors temps de changer la donne. En 2015, elle invite un collectif d’artistes chinois en pleine ascension grâce à une commissaire très établie dans le monde chinois à la Biennale de Venise puis organise la toute première édition d’Asia NOW à l’espace Pierre Cardin à Paris. C’est aussi cette année-là qu’elle imagine Asia NOW, la première foire parisienne dédiée à la scène contemporaine asiatique. Avec une seule idée en tête, désormais : mettre en lumière la scène émergente asiatique et donner aux jeunes artistes une visibilité à la hauteur de leur talent.  De plus en plus Asia NOW accueillera également des artistes très établis et présentés dans le cadre de leur programmation asiatique par les plus grandes galeries internationales qui proposent de nombreux artistes d’Asie comme Danysz, Nathalie Obadia, Templon, Continua, Perrotin ou Almine Rech.

    Très vite, Ardian s’intéresse à cette initiative pionnière et apporte son soutien à Asia NOW dès sa 2e édition. Une relation de grande confiance se noue alors entre la société d’investissement privé et Alexandra Fain, qui partagent une vision commune du monde :

    Esprit d’ouverture, solidarité, attention au développement durable, audace, goût de l’exploration, volonté de s’impliquer dans les changements du monde, leadership… Ardian n’est pas un simple investisseur. Nous regardons dans la même direction et partageons des valeurs fondamentales », explique Alexandra.

    Alexandra Fain, fondatrice d'Asia NOW

    Chemins de traverse

    L’édition 2021 d’Asia NOW est consacrée à l’« éveil des conscience ». Un thème qui, selon sa créatrice, entre en résonnance avec la crise sanitaire que le monde a traversée ces derniers mois : « Les années 2020 et 2021 nous invitent à une profonde prise de conscience. J’ai souhaité cette année inscrire la foire dans un engagement social, sociétal et écologique plus affirmé ». Pas question, pour autant, de nourrir une vision apocalyptique ou mélancolique du monde : l’approche d’Alexandra Fain reste fondamentalement pragmatique et optimiste. L’important, pour elle, est d’être capable de s’interroger, de se poser les bonnes questions, et de prendre son destin en main. C’est d’ailleurs ce à quoi l’art nous invite : « L’art n’apporte pas nécessairement de réponses mais permet de poser les questions, d’interroger le monde. Il nous permet de porter un regard différent sur la vie, de multiplier les prismes et de réinventer notre rapport au vivant ».

    Pari réussi pour cette nouvelle édition d’Asia NOW, résolument placée sous le signe du décentrement et de l’exploration. Exploration territoriale, d’abord, avec une ouverture sur l’Asie occidentale : l’Iran, notamment, est mis à l’honneur, avec la présence de 8 galeries en provenance directe de Téhéran et la présentation, par Odile Burluraux, conservatrice au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, du travail de 10 artistes iraniennes et des combats de société dont elles se font l’écho. Exploration des pratiques, ensuite, avec un focus particulier sur la céramique. La foire explore également le concept chinois du « Shun », qui signifie « épouser le mouvement, se connecter au cours des choses » - un concept présenté par Nicolas Bourriaud, critique d’art et curateur indépendant. Kathy Alliou, directrice du département des œuvres aux Beaux-Arts de Paris, nous entraîne quant à elle dans les pas du champignon Matsuké, désormais quasiment disparu des forêts du Japon et qui a la particularité de pousser dans des zones détruites ou perturbées. Dans cette allégorie de la puissance de vie, de « l’énergie qui jaillit du dévasté », Alexandra Fain lit « l’expression même de notre capacité à accompagner le changement en temps de crise. Et crise = opportunité »


    Shun

    Une forme de résilience ou de résistance qu’elle incarne elle-même à merveille, elle qui a réussi à maintenir l’organisation d’Asia NOW contre vents-et-marrées, malgré la pandémie, les quarantaines et les frontières fermées. « Nous avons dû adopter des stratégies de contournement pour donner, cette année encore, l’opportunité à des artistes de voyager et de présenter leur travail. Je suis particulièrement heureuse de la présence de 8 galeries iraniennes, qui ont pu se déplacer en France malgré le contexte sanitaire » explique-t-elle. L’adaptation : voilà peut-être la recette du succès d’Alexandra Fain, qui, conformément aux préceptes du « Shun » sait habilement épouser les mouvements du monde et évoluer avec souplesse au gré des mutations de son environnement. Et cette année, adaptation a rimé avec digitalisation :

    La pandémie a renforcé la présence du digital dans le monde de l’art. Dans les années à venir, je souhaite qu’Asia NOW devienne à la fois un lieu de rencontre physique, pendant les temps forts de l’art mondial, et une plateforme d’échange digital, connectée sur le monde et sur l’époque.

    Alexandra Fain, fondatrice d'Asia NOW

    A la question de savoir ce que représente, pour elle, l’édition 2021 d’Asia NOW, Alexandra Fain répond avec conviction que c’est à la fois un voyage immobile (faire voir le monde au travers des yeux des commissaires d’exposition associés à l’événement)
    Et un engagement cette année, plus que jamais le salon fonctionne comme une foire de projets en confiant cette année à l’association Thanks for Nothing l’organisation de la plate-forme des conversations. L’équipe de Thanks for Nothing programme une série de tables rondes qui valorisent les pratiques engagées d’acteurs du monde de l’art et sensibilisent le grand public sur des thèmes qui traversent nos sociétés, afin de faire émerger une conscience collective et donner les clefs pour de nouvelles formes d’engagement. Ces tables rondes se tiendront vendredi 22 octobre sur le site de la foire. Visant à approfondir la compréhension des cultures asiatiques, elles interrogeront les approches historiques et géographiques de l’Asie, mettant en avant les pratiques curatoriales et l’engagement social d’acteurs du monde de l’art.
     

    Une passionnante exploration qu’elle souhaite proposer à ses visiteurs. Une réjouissante perte de repère dont ils sortiront, espère-t-elle, grandis, plus légers, plus conscients et pourquoi pas, plus heureux.

  •  DODIYA Anju, Pillowbearer with shadow 2020 Courtesy of the artist & Perrotin
    DODIYA Anju, Pillowbearer with shadow 2020 Courtesy of the artist & Perrotin
  • Elham Etemadi, Inspiration 100x80 cm Acrylic on Canvas
    Elham Etemadi, Inspiration 100x80 cm Acrylic on Canvas
  • Habib Farajabadi, Untitled Acrylic on Linen 200x190 cm 2020
    Habib Farajabadi, Untitled Acrylic on Linen 200x190 cm, 2020
  •  Haegue Yang Knotty Spell in Chunky Forest
    Haegue Yang, Knotty Spell in Chunky Forest
  •  Huong Dodinh, KA 94
    Huong Dodinh, KA 94
  •  Koorosh Shishegaran, Untitled
    Koorosh Shishegaran, Untitled
  •  Majid Biglari Poppy Field
    Majid Biglari, Poppy Field
  •  My Lan Hoang Thuy Sans Titre Vermillon Photo Gregory Copitet
    My Lan Hoang Thuy, Sans Titre Vermillon Photo Gregory Copitet
  • Rina Banerjee Wedding thieves Galerie Nathalie Obadia
    Rina Banerjee, Wedding thieves Galerie Nathalie Obadia
  • Seulgi Lee, U30 levres 5108M
    Seulgi Lee, U30 levres 5108M
  • Shiota In The Hand
    Shiota, In The Hand
  • Shiota, Living Inside
    Shiota, Living Inside