L'éducation internationale face au défi du numérique

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Histoire de croissance

L'éducation internationale face au défi du numérique

  • 02 Juin 2021

  • Private Equity

  • Buyout

Temps de lecture : 15 minutes

    Dans cet épisode d'Entrepreneurial Journeys, nous nous entretenons avec Emma Lancaster, CEO de Study Group.

    Dans cet épisode d'Entrepreneurial Journeys, nous nous entretenons avec Emma Lancaster, CEO de Study Group.

    Étudier à l'étranger n'a jamais été simple. Il faut prendre l'avion, traverser le monde, arriver dans un pays où l'on parle une autre langue, puis essayer de s'adapter culturellement - tout en gérant le stress des études ! C'est ce que des milliers de jeunes gens doivent faire lorsqu'ils étudient à l'étranger.

    C'est pourquoi Study Group, prestataire de services éducatifs, accompagne les étudiants internationaux dans le cadre de programmes universitaires dans des pays tels que l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l'Irlande. Les étudiants originaires de Chine, d'Inde et de plus de 150 autres pays bénéficient d'une formation spécialisée en anglais, de techniques d'études renforcées et d'un soutien culturel.

    Dans cet épisode, nous nous entretenons avec Emma Lancaster, CEO de Study Group, et échangeons sur ce nouveau monde de l’enseignement en ligne et la manière dont elle réussit à faire pivoter son entreprise pour mener les étudiants internationaux vers la réussite face à une dans un contexte de crise sans précédent.

    C'est une chose d'être attentif dans une salle de classe, mais c'en est une autre de s'installer pour regarder une conférence d'une demi-heure sur Zoom. On ne peut pas simplement mettre une présentation en ligne, ce n'est pas assez engageant.

    Emma Lancaster, CEO de Study Group.

    Bienvenue dans Entrepreneurial Journeys, le podcast créé par Ardian pour tous les curieux intéressés par les histoires d'entreprises à succès. Chaque semaine, nous nous entretenons avec des personnes à l'origine de sociétés innovantes qui bâtissent le monde de demain. Je suis Portia Crowe, l'animatrice de ce podcast.

    Il n’a jamais été simple d’étudier à l’étranger. Il faut prendre l’avion, traverser le globe, arriver dans un pays où l’on parle une autre langue, et tenter d’assimiler une nouvelle culture - et ce, tout en gérant le stress de la rentrée universitaire ! C’est pourtant ce que doivent faire des milliers de jeunes lorsqu’ils partent à l’étranger pour leur premier cycle d’études.

    C’est pourquoi Study Group, spécialiste à but lucratif des parcours d’études, prépare les étudiants du monde entier aux programmes universitaires proposés en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni et en Irlande. Les étudiants originaires de Chine, d’Inde et de 45 autres pays du globe bénéficient d’une formation spécialisée en anglais, de compétences académiques et d’autres formes de soutien culturel. Les équipes de Study Group sont là pour assister les étudiants, qu’il s’agisse de questions épineuses sur la préparation du diplôme d’ingénieur ou de bonnes adresses de pizzerias dans le quartier.

    Mais depuis la pandémie de COVID-19, étudier à l’étranger est devenue une expérience encore plus difficile, notamment en raison des limitations de déplacements. Fort heureusement, Study Group est à l’avant-garde du digital et de l’innovation, et ce depuis bien avant le début de la crise sanitaire. Et Ardian lui a apporté tout son soutien.

    Dans cet épisode d’Entrepreneurial Journeys, je m’entretiens avec Emma Lancaster, CEO de Study Group, au sujet du nouveau monde de l’enseignement en ligne et de la manière dont elle a su faire évoluer, avec succès, son entreprise pour conduire les étudiants internationaux vers la réussite en dépit d’une crise sans précédent.

    Portia

    Comment fonctionne Study Group ? Que faites-vous et pourquoi ?

    Emma Gantner

    Nous recrutons des étudiants originaires de 150 pays du monde. Nous les amenons à la destination de leur choix. Il s’agit d’un pays anglophone parmi le Royaume-Uni, l’Amérique du Nord, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Irlande ou les Pays-Bas. Pendant un an, nous leur proposons des enseignements (des cours préparatoires, en vue d’un diplôme ou de leur première année). Et dans le cadre de cette formation, nous les aidons à améliorer leur anglais. Nous les aidons à développer leurs capacités d’apprentissage, car beaucoup d'entre eux viennent de milieux universitaires différents : si vous voulez, nous les aidons à s'adapter. C’est ce que nous faisons depuis 25 ans et nous collaborons avec plusieurs grandes universités et des marques partenaires du monde entier.

    Study Group propose bien plus qu’une simple assistance universitaire ou linguistique.

    Emma Gantner

    Il s'agit donc d'assimiler et d'apprendre à utiliser le système de transport public local, à trouver le chemin de l'université, à se faire des amis, à comprendre ce que l'on attend d'un environnement d'études, qui sera différent de celui que beaucoup d'entre eux connaissent. Alors, oui effectivement, il s'agit en grande partie de l'aspect culturel des compétences non techniques, si vous voulez, qui consiste à s'assurer qu'ils sont préparés, que lorsqu'ils arrivent à l'université, ils vont réussir. C’est bel et bien la réussite des étudiants qui est au cœur de notre action.

    Les quelques 120 000 étudiants avec lesquels Study Group a travaillé au cours de la dernière décennie proviennent de près de 150 pays du monde entier. Mais près de 40 % d’entre eux sont originaires de Chine et 10-15 % d’Inde.

    Portia

    En quoi vous distinguez-vous de la concurrence ?

    Emma Gantner

    À dire vrai, ce qui nous différencie c’est notre portefeuille de partenaires. Nombre d’entre eux sont classés dans le top 100. Vous savez, nous sommes très attachés à la réussite des étudiants, la qualité est notre priorité. Nous sélectionnons des étudiants motivés et faisons notre possible pour les préparer à réussir haut la main dans les meilleures universités. Et c’est en cela que nous nous distinguons de nos concurrents.  

    Study Group collabore avec plus de 40 universités, parmi lesquelles celles de Durham et de Sheffield (Royaume-Uni), l’Australia National University et l’Université de Sydney (Australie) et l’Université Baylor aux Etats-Unis.

    Et grâce à l'acquisition récente de la plateforme en ligne Insendi, Study Group ajoute encore plus d'écoles à son portefeuille, dont l'Université d'Oxford.

    Portia

    Qu’y gagnent vos clients ? Et les universités ?

    Emma Gantner

    Ils y gagnent des étudiants internationaux très bien préparés. Les étudiants étrangers auront généralement plus de moyens financiers que les étudiants locaux : économiquement parlant, c’est plus intéressant. D’un autre côté, je pense que toutes les universités ont des ambitions mondiales. Et bénéficier de cette cohorte internationale, source d’une diversité de voix dans les salles de cours, dans les études, fait une grande différence dans l'expérience d'apprentissage pour l'université dans son ensemble.

    Mais l’année dernière, cette vision a été remise en question par un événement bien particulier, je parle bien évidemment de la pandémie de Covid-19.  

    Portia

    Parlons un peu de la Covid et de la réponse qu’y a apporté Study Group.

    Emma Gantner

    Je dînais à Shangaï avec plusieurs de nos agents et notre équipe locale. Et soudain quelqu’un a dit : « Eh vous avez entendu parler de cette grippe à Wuhan ? » J’ai répondu que non, que je n’étais pas du tout au courant. Y avait-il lieu de s’inquiéter ?

    Emma Gantner

    Je ne réalisais pas la rapidité avec laquelle tout allait se passer et, comme je l'ai dit, d'une certaine manière, nous avons vu ce qui s'est passé pour nos collègues chinois, d'abord, puis à Singapour avec le confinement. Très rapidement, l'Australie a fermé ses frontières.
    Nous avons dû réagir très rapidement pour proposer une offre en ligne à nos étudiants en Australie. Et nous nous sommes démenés pour qu’un maximum de nos étudiants rentrent chez eux. La bonne nouvelle, c'est qu'un grand nombre de nos étudiants chinois étaient chez eux pour célébrer le Nouvel An chinois et n'avaient pas encore voyagé. En réalité, nous avons réagi très rapidement en ligne en Australie. Et en l’espace de quelques semaines, nous avons fait la même chose en Europe et en Amérique du Nord.

    Mais tous les étudiants étrangers ne sont pas rentrés chez eux pour le confinement.

    Emma Gantner

    Un certain nombre de nos étudiants s’est retrouvé isolé et confiné dans des chambres universitaires. C’est difficile, vraiment très difficile. Nos équipes ont travaillé très dur pour tenter de mettre en place des moyens assez innovants d’interagir avec eux et de s’assurer que les étudiants sur place étaient pris en charge et soutenus au fil des confinements.

    Et ce n’était que le début. Ensuite, Study Group a dû trouver comment continuer à enseigner aux étudiants - en ligne, sur des fuseaux horaires différents.

    Emma Gantner

    Heureusement pour nous, nous venions juste de faire l’acquisition d’Insendi, notre plateforme d’enseignement en ligne. Nous avons ainsi pu très rapidement proposer de très bons programmes en ligne. Nous avions déjà travaillé dessus, mais en fait, cela signifiait que nous pouvions déployer un produit de haute qualité très, très rapidement. Vu la difficulté de proposer des cours en ligne sur plusieurs fuseaux horaires, vous ne pouvez pas animer des cours synchrones de la même façon. Et la façon dont vous organisez un cours est très différente dans un environnement en ligne. Vous ne pas pouvez juste lancer Zoom et attendre que ça passe, sans compter les soucis opérationnels que cela suppose. Nous avons donc eu beaucoup de chance de pouvoir compter sur l’expertise d’Insendi.

    Passer à l’enseignement virtuel, c’est offrir bien plus que de simples présentations en ligne.

    Emma Gantner

    C’est une modalité d’enseignement différente, vraiment différente. Et vous devez presque oublier vos anciens réflexes. C’est ce que m’a expliqué l’un de nos professeurs. C'est comme lorsque vous apprenez à conduire : si vous avez conduit pendant 15 ans, vous savez quoi faire, vous ne pensez pas « rétroviseur, clignotant, manœuvre » - vous tournez simplement à gauche. C’est la même chose dans une salle de cours. Lorsque vous passez au virtuel, vous devez vous remettre à penser « rétroviseur, clignotant, manœuvre » : vous devez décomposer le cours en éléments constitutifs, car vous ne pouvez pas faire les choses que vous faisiez en présentiel. Du point de vue de l’enseignement, cela a été un challenge.

    Emma Gantner

    Vous ne pouvez pas vous contenter de mettre une simple présentation en ligne. Cela n’est pas suffisamment intéressant. Et vous ne pouvez pas non plus filmer les conférences. C’est une chose d’assister à un cours en présentiel, et c’en est une autre de visionner une demi-heure de cours sur Zoom. Ce n’est pas passionnant, ni très interactif. Nous avons eu tendance à faire ce que conseillent les études, à savoir décomposer les contenus. Vous pouvez proposer quelques vidéos. Il faut créer de l'interactivité avec des forums, des discussions ou même des quizz.  Vous savez, il existe plein de façons différentes de générer de l’engagement. Sans cela, il est difficile d'intégrer les informations de manière appropriée comme ce serait le cas dans une salle de cours, qui est, par nature, beaucoup plus interactive.

    Portia

    Comment vous a soutenu Ardian tout au long de la pandémie ?

    Emma Gantner

    Lorsque l'on est un actionnaire ou un peu en retrait dans un conseil d'administration, je pense qu’on se sent facilement obligé d'intervenir et d'aider la direction. Mais en réalité, Ardian a eu une réaction formidable. Il a vu que nous parvenions à nous débrouiller, sans pour autant interférer ou intervenir en cours de route. Et nous savions qu’en cas de besoin, nous pouviez compter sur ses équipes.

    Portia

    Pensez-vous que le numérique sera le modèle économique de demain pour Study Group ?

    Emma Gantner

    Je pense qu’il y aura certainement une part de digital. Pour certains étudiants, je ne pense pas que l’on puisse remplacer à 100 % le présentiel. Si certains veulent faire un troisième cycle, ils peuvent probablement tout faire en ligne. Mais nous savons que nos étudiants apprécient cette sorte d’accompagnement. À mon avis,  la formation mixte fera partie intégrante de nos activités futures. Et nous en étions conscients bien avant la pandémie, c'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons fait l’acquisition d’Insendi. Il s'agit vraiment de déterminer quelle partie conserver et quelle autre adapter au présentiel. Nous avons appris que nous pouvions faire beaucoup plus en ligne que ce que nous imaginions.

    Même en virtuel, Study Group n’a jamais cessé de proposer bien plus que des cours.

    Emma Gantner

    Nous tentons de tisser du lien social : des cours de cuisine, les dernières soirées Netflix au Royaume-Uni, un concours Eurovision de la chanson. Chaque étudiant n’a pas participé à toutes les animations proposées mais dans le monde entier, beaucoup d’entre eux ont joué le jeu. C’était génial : j’ai assisté à la finale et vu un étudiant qui chantait dans sa chambre au Pérou. Un autre à Shangaï avait un talent formidable.  

    Emma Gantner

    J’aime ce que nous faisons, car c’est du concret. Nous créons de la valeur pour le monde, nos activités n’ont rien de futile. Notre projet prend vie grâce à tous ces étudiants que nous observons dans leur pays d’origine et le milieu qui leur est propre. C’est juste formidable.

    Emma Gantner

    Ils sont très doués pour participer et se lancer dans l’aventure. Et comme je le disais précédemment, ils ne s’attendaient pas exactement à ce contexte, mais sauront en tirer le meilleur.

    À l’avenir, Lancaster espère que le secteur de l’enseignement international poursuivra son essor.

    Emma Gantner

    Les facteurs macroéconomiques reposent sur une classe moyenne croissante sur nos marchés d'origine et une offre vraiment insuffisante de bonnes universités. Et il faut de nombreuses années pour construire une université. Et donc, ce que nous faisons, c'est en quelque sorte combler ce vide, si vous voulez. Et je pense que cette tendance va continuer à se développer. Nous avons constaté des variations au fil des ans et nous continuons à le faire en ce moment même, car si la demande est là, l'offre varie en fonction du marché de destination. Ainsi, en ce moment, par exemple, les frontières de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande sont fermées. Il est donc assez simple pour un étudiant de se dire : « Je ne peux pas aller en Australie : à la place, je vais probablement aller au Royaume-Uni ou aux États-Unis ». Et c'est donc là que je pense que nous verrons la variation. Mais, à mon sens, la croissance globale va se poursuivre, simplement en raison des facteurs macroéconomiques.
     

    - Portia
     
    Et vous avez dit que la pandémie n'était, selon vous, qu'une courte parenthèse et que le désir d’étudier à l’étranger est toujours présent. Ce qui change, ce sont les destinations. Pourriez-vous nous en dire plus ? Vous avez cité la fermeture des frontières australiennes : le Royaume-Uni suscite-t-il davantage d’intérêt ?   

    - Emma Gantner

    Au fil du temps, les approches en matière d’immigration, de visas changent constamment. Le Royaume-Uni, surtout depuis le Brexit, est de plus en plus conscient de ses besoins en termes d’étudiants étrangers ; leur contribution à l’économie est colossale.  

    - Emma Gantner

    Le Brexit n'a pas vraiment d'impact sur nos affaires, car nous comptons très peu d’étudiants européens originaires de pays non européens. En effet, les étudiants européens pouvaient avoir accès au système universitaire britannique avant le Brexit. Cela ne concernait vraiment pas nos activités. Suite au Brexit, les pouvoirs publics britanniques ont repensé l’ensemble de leur politique migratoire, traduisant ainsi la prise de conscience de la contribution majeure des étudiants étrangers à l’économie. La législation a été adaptée afin que ces étudiants puissent rester et travailler au Royaume-Uni pendant quelques années.

    - Emma Gantner

    Et il y a eu toute une série d'améliorations qui ont rendu l'ensemble du processus beaucoup plus facile pour nos étudiants étrangers également.

    - Emma Gantner

    Et oui, c’est vrai, le Royaume-Uni est donc assurément devenu beaucoup plus attractif.

    - Portia

    Et actuellement, comment les étudiants envisagent-ils leur avenir ?

    - Emma Gantner

    J’ai toujours été impressionnée par la capacité de résilience de nos étudiants. Vous savez, même en temps normal, vouloir étudier à l’étranger est une décision majeure. Les étudiants ont des ambitions, ils savent ce qu’ils veulent. Et c’est toujours d’actualité. La situation n’est certainement celle à laquelle les étudiants s’attendaient, mais ils restent très pragmatiques.

    - Emma Gantner

    Pour atteindre leurs objectifs, ils sont prêts à mettre les bouchées doubles et à travailler en ligne. Si un étudiant veut suivre des études de médecine à Cardiff par exemple, il se concentrera sur les moyens d’y parvenir. Il suivra le cursus. Et s’il doit se former en ligne, il le fera car il sait que grâce à cela, il parviendra à réaliser ses ambitions. Ces jeunes sont très déterminés.

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    Entrepreneurial Journeys est un podcast pour tous ceux qui sont curieux de découvrir où se produit la croissance dans le monde. Nous nous entretenons ici avec les personnes qui sont derrière les entreprises innovantes de demain. Nous nous entretenons avec des entrepreneurs européens travaillant dans les secteurs de la technologie, de la santé, de la mobilité ou encore de l'éducation.

    Nous découvrirons leurs plus grandes réussites et leurs plus grands défis, la façon dont ils ont surmonté la crise de la Covid-19 et l'orientation future de leurs secteurs.

    Ce podcast est animé par Portia Crowe et produit par Louie Creative pour Ardian.

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