Le digital propulse la planification des infrastructures urbaines dans le futur

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Vision de marché

Le digital propulse la planification des infrastructures urbaines dans le futur

  • 15 Octobre 2019

  • Real Assets

  • Infrastructure

  • Paris, France

Temps de lecture : 6 minutes

    Face aux défis climatiques qui pèsent sur la planète, l’infrastructure urbaine se doit d’être la plus flexible possible. Ardian et Fabernovel explorent les atouts du digital pour répondre à cet enjeu.

    A l’origine, les rues n’ont pas été construites pour les voitures. Les images de San Francisco au début du XXème siècle témoignent du chaos inhérent à la coexistence de multiples modes de transport. Les chevaux, les tramways et les piétons jouent des coudes et le chaos ambiant fait oublier les règles tacites régissant l’utilisation de ces larges rues.  
    Par la suite, les voitures ont pris possession de ces espaces de circulation et leur ont fait perdre leur caractère multi-modal d’origine. Mais ils ont quand même su favoriser le déplacement des individus par de multiples moyens, selon Mariano Majan, Responsable Europe Growth chez Remix lors d’une conférence organisée par Ardian à l’occasion de Paris InfraWeek 2019 (The Augmented Infrastructure : Digital for climate).
    Cette coexistence de modes de transport variés doit absolument être repensée dans le cadre de notre lutte actuelle pour répondre aux objectifs de durabilité. Remix a débuté comme un projet populaire pour les habitants de San Francisco qui suggérait les meilleurs itinéraires via un blog. L’entreprise travaille actuellement avec 325 villes sur quatre continents.. Ce blog a depuis évolué pour devenir un outil basé sur le cloud destiné à aider les villes à organiser leurs réseaux de transport.
     

    « Les transports sont une chance »

    Selon Mariano Majan, « les rues sont le meilleur atout d’une ville. Les transports ne sont pas un problème. Ils sont une chance ».  Mais le risque d’une domination constante de la voiture ne disparaîtra pas avec la chute du taux de motorisation. Pour Mariano, le kilométrage des voitures va continuer sa progression car les services VTC peuvent annihiler l’impact positif du recul des achats de véhicules.  
    Selon « The Augmented Infrastructure : Digital for Climate ? », une étude présentée par Ardian et Fabernovel lors de l’événement, le smart data peut accélérer la transition vers la neutralité carbone. Le projet d’Ardian pour développer un modèle d’apprentissage machine avec la start-up française Quantcube Technology pour prédire les tendances de trafic sur les autoroutes d’Europe en est un bon exemple.  
    Cette étude, qui est la seconde partie d’une étude lancée en 2018, montre de quelle manière l’aéroport de Naples, désormais détenu par Ardian, est parvenu à réduire de 21 % ses émissions de CO2 entre 2012 et 2017. Les innovations digitales sont utilisées à Naples pour automatiser la gestion du terminal. L’aéroport a développé un outil permettant de limiter le temps de roulage des appareils au moment du départ et a mis en place des capteurs dans les terminaux afin d’ajuster automatiquement l’éclairage et la climatisation. L’aéroport de Naples travaille désormais sur un outil prédictif permettant d’améliorer l’efficacité énergétique par le biais de prévisions de variations de température.  
    Selon Louise Baradani, data scientist chez Ardian, les aéroports manquent encore de visibilité quant à leur impact environnemental. Pour les aéroports du portefeuille d’Ardian, elle utilise l’intelligence artificielle pour calculer les émissions à divers stades des déplacements aériens. Air Carbon, une plateforme d’analyse de données développée par Ardian et les étudiants de HEC, l’Ecole Polytechnique et l’Ecole 42, fournit des estimations en temps réel des émissions de carbone des aéroports et peut concevoir des scénarios pour réduire ces rejets. 
     

    Développer la mobilité « as a service »

    Persuader les voyageurs de se rendre à l’aéroport autrement qu’en voiture est un défi critique à relever. Armando Brunini, Directeur général des aéroports de Milan, affirme que le transport vers et depuis Malpensa et Lina représente 60 % des émissions de CO2 des deux aéroports de la ville. L’atterrissage et le décollage représentent 34 % de ces émissions. 
    En juin, l’association des gestionnaires d’aéroports européens s’est engagée à avoir un bilan carbone neutre d’ici 2050 au plus tard. Les aéroports de Milan n’ont eu de cesse de réduire leurs émissions, et au cours des dix dernières années, elles ont chuté de 30 %. Et cela ne s’est pas fait aux dépens de l’efficacité : Linate, réouvert le 27 octobre dernier à la suite de travaux de construction, s’est imposé comme l’aéroport le plus ponctuel d’Europe. Selon Brunini, « toute la chaîne de valeur doit avancer dans la même direction ».  
    Le système Mobility as a Service (MaaS) de Milan, désormais en ligne, vise à donner un élément de réponse. Le concept MaaS repose sur une association de divers services de transport sur une seule et unique plateforme mobile. Les aéroports de Milan intègrent les informations issues des itinéraires de vols à celles des horaires des systèmes de transport urbain. La première option proposée sur les services est la plus respectueuse de l’environnement, et pas nécessairement la plus rapide. Les commentaires des passagers servent à améliorer le système. Selon le réseau POLIS des villes et régions d’Europe, les systèmes MaaS ne sont pas encore généralisés. Le modèle utilisé par Milan a grand besoin d’être largement adopté par d’autres villes.  
    Convaincre plus de voyageurs de privilégier le train à la voiture serait déjà un pas de géant. Pour Brunini, cela aurait un « impact beaucoup plus important » sur les émissions que n’importe quelle initiative des aéroports. « Nous devons sortir du périmètre pur et simple des infrastructures. Adapter les aéroports aux enjeux du développement durable nécessite d’investir davantage à court terme, mais c’est la clé de leur croissance ».
     

    Guerres de territoires

    A l’échelle des entreprises, les guerres de territoires sont le reflet d’une mentalité dépassée. Pablo Nakhlé Cerruti, Directeur général de Viparis, opérateur de sites d’événementiel à Paris, soutient que les silos doivent disparaître. Il cite le manque de coopération entre les différentes autorités de transport de Paris concernant les systèmes de signalétique pour orienter les visiteurs.  Selon lui, « c’est ce qui se passe sur le terrain qui génère le plus d’émissions ».
    Pour Axelle Ricour-Dumas, Value Director chez Fabernovel, l’environnement est la contrainte principale de la conception des infrastructures, mais c’est également son meilleur atout. Le design systémique est une approche collective, encore émergente, qui intègre les facteurs humains, environnementaux et numériques.   Selon l’étuded’Ardian et Fabernovel, d’ici 2050, 66 % de la population mondiale vivra en ville, ce qui signifie qu’il est indispensable d’aller au-delà des infrastructures et de penser en termes d’écosystèmes urbains. Selon Axelle Ricour-Dumas, la ville de Nantes, élue Capitale verte de l’Europe en 2013, témoigne de la valeur de l’intelligence collective. Cette distinction est venue récompenser les quatre domaines d’excellence de Nantes en matière de transports publics, préservation de la biodiversité, gestion de l’eau et de son Plan climat.
     

    Des ressources numériques limitées

    Pour Axelle Ricour-Dumas, nombre d’utilisateurs pense   encore que les actifs numériques sont intangibles, illimités et neutres sur le plan climatique. Cela démontre la nécessité d’accélérer la transition vers des sources d’énergie renouvelable. Pour Armando Brunini (aéroport de Milan), il est urgent de « développer et d’investir » dans les transports vers et depuis les aéroports.  
    Mathias Burghardt, Responsable d’Ardian infrastructure, est convaincu que si les comportements changeaient, le réchauffement climatique pourrait être contenu. Il souligne d’ailleurs que les technologies digitales elles-mêmes sont très énergivores. 
    Il est donc primordial de veiller à ce que leur potentiel soit maîtrisé comme il se doit. Les infrastructures doivent être repensées afin d’être « conscientes de leur impact ».   
     
    voir l'etude complete 

    Le partage de données n'est pas un risque! Mathias Burghardt, Responsable d'Ardian Infrastructure

    Le 11 octobre 2019, lors de la troisième édition de Paris Infraweek, Ardian a organisé une conférence sur l'impact de la technologie numérique sur les émissions mondiales de carbone. A cette occasion, Ardian Infrastructure et Fabernovel ont publié une nouvelle étude sur l'infrastructure augmentée : "The Augmented Infrastructure - Digital for Climate ?"