La création d’un courtier en assurance d’Europe continentale capable de concurrencer les groupes anglo-saxons

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Histoire de croissance

La création d’un courtier en assurance d’Europe continentale capable de concurrencer les groupes anglo-saxons

  • 15 Mai 2019

  • Private Equity

  • Buyout

  • Paris, France

Temps de lecture : 5 minutes

    Entretien avec Pierre Donnersberg, Président Exécutif de SIACI SAINT HONORÉ, et Philippe Poletti, Responsable d'Ardian Buyout et membre du Comité Exécutif.


    • 2 500 +

      Employés

    • 400 M€

      Chiffre d'affaires en 2018

    • 21

      Une position de leader dans 21 pays d'Afrique

    Pierre Donnersberg : Notre première rencontre remonte à 2014, lorsque Edmond de Rothschild a proposé, de manière inattendue, un échange d’actions avec Jardine Lloyd Thompson, qui aurait conduit à la reprise du Groupe par JLT. Nous ne voulions pas de cela, et c’est pourquoi nous avons décidé de contacter quelques fonds de capital-investissement. Ardian est entré assez tardivement dans le processus, mais quand Philippe et moi nous sommes rencontrés, nous nous sommes immédiatement entendus. Nous voulions rester indépendants et continuer à développer notre groupe en alternative aux grands courtiers anglo-saxons. Philippe a été le seul à soutenir notre stratégie à 100 % dès le premier jour, alors que tout le monde craignait JLT, qui menaçait d’abandonner le réseau international. J’étais stupéfait. Philippe avait compris qu’il y avait d’autres options.

    Philippe Poletti : Il est intéressant de noter qu’avant 2013, nous n’étions pas autorisés à soutenir des courtiers d’assurance étant donné que nous appartenions à AXA, mais nous avions déjà réalisé deux très bonnes opérations dans le secteur des assurances : Icare et Cornhill France. Dès notre indépendance, nous avons déterminé que SIACI SAINT HONORÉ constituait la meilleure plateforme pour consolider ce marché. C’était un peu comme notre propre histoire chez Ardian, et nous nous sommes dit : « Nous allons créer un leader européen aux côtés des grands acteurs anglo-saxons ». Pierre avait exactement la même vision, et nous avons donc été autorisés à participer au processus. Nous étions convaincus que JLT n’était pas la seule option dont SIACI SAINT HONORÉ disposait pour créer un réseau international.

    P.D. : Ce fut le début d’un nouveau chapitre. Mais seulement six mois après l’investissement d’Ardian, nous avons émis un avertissement sur les bénéfices. Nous n’avions pas vu venir ce tsunami, mais Philippe a dit : « Pas de problème, restez calmes, nous vous faisons confiance. Je suis convaincu que nous vous sortirons de ce mauvais pas. » Son comportement à l’égard du conseil d’administration a été incroyable. Il a redonné confiance à tout le monde.

    P.P. : Il nous fallait toutefois agir. Nous avons dû restructurer le pôle Moyen-Orient, déficitaire, le Canada et la Chine, où nos bénéfices avaient fondu de moitié. La seconde mauvaise surprise, c’est que nous avons constaté que les systèmes informatiques étaient plus obsolètes que nous ne l’avions imaginé, ce qui nous a obligés à recruter un nouveau responsable informatique et à investir massivement dans la technologie. Nous avons fortement renforcé l’équipe de direction et avons relancé la croissance. En trois ans, SIACI SAINT HONORÉ a réalisé huit acquisitions qui ont repositionné le groupe et porté l’EBITDA de 50 à 87 millions d’euros.

    P.D. : Le groupe a totalement changé pendant ces trois ans. Nous n’étions qu’une société française dotée d’une activité d’assurance vie de petite taille à l’international et nous étions absents du secteur de l’assurance dommages. Aujourd’hui, nous sommes une multinationale qui enregistre une solide croissance à l’étranger. Nous sommes présents dans 21 pays d’Afrique et nous sommes devenus un leader à fort potentiel de croissance gràce à Ardian et à Philippe, qui a été extraordinaire.

    P.P. : Nous disposions d’une équipe expérimentée chez Ardian et SIACI SAINT HONORÉ a pu constater que nous étions engagés à 100 % derrière l’entreprise. Yann Bak et Edouard Level ont passé beaucoup de temps avec l’équipe de direction. Nous nous sommes mis d’accord sur la stratégie, nous avons parlé à l’équipe sur le terrain et nous l’avons aidée autant que possible. Nous avons fini par atteindre notre objectif, à savoir créer un rival indépendant des grands groupes américains. Puis en 2018, l’un de ces groupes américains a proposé d’acheter la société, ce dont nous avons discuté avec Pierre. Nous estimions qu’il était un peu tôt pour vendre, mais le management voulait réaliser une partie de sa plus-value, et nous avons donc entamé un processus avec seulement quatre ou cinq fonds, non stratégiques. Pierre et son équipe sont désormais l’actionnaire majoritaire de la société et Charterhouse est le nouveau partenaire.

    P.D. : Mais vous ne nous avez pas laissé tomber.

    P.P. : En effet, nous avons conservé une participation de 10 %, nous sommes donc toujours impliqués, parce qu’il y a encore beaucoup de consolidation à venir. Nous sommes l’un des rares fonds à pouvoir dire que nous avons vendu des entreprises à leurs dirigeants sans chercher à obtenir une valorisation maximale, parce qu’au bout du compte, c’était un bon résultat pour tous. C’était également une bonne chose pour les salariés, car ils ont pu prendre le contrôle de la société. Cette approche constitue un autre facteur de différenciation d’Ardian.

    P.D. : Jamais je n’oublierai le soutien d’Ardian, même dans les pires moments. C’est dans ces moments-là que l’on découvre qui sont nos vrais amis, et non lorsque tout va bien. C’était comme la fin du monde, mais Philippe était confiant alors que j’étais particulièrement tendu. Il avait compris qu’il s’agissait d’un problème cyclique, et non d’un problème structurel. En trois ans, SIACI SAINT HONORÉ a enregistré une croissance internationale significative, a déménagé son siège social, a entièrement restructuré son parc informatique et a renforcé la structure de sa direction.

    P.P. : Après 20 ans dans ce domaine, nous savons ce que l’on ressent quand les choses ne vont pas comme on le souhaite. Une fois que nous sommes sûrs de notre vision stratégique, nous savons avec certitude que nous avons la capacité de faire face aux obstacles.